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dimanche 19 novembre 2023

Accueillir des personnes dans le besoin

Nombre d'entre nous avons un logement et même parfois une chambre vide qui servait à nos enfants quand ils étaient petits.

C'est mon cas.

Donc une chambre libre,  appelée "chambre d'amis" ou "chambre familiale" quand les enfants viennent vous voir.

Or de nombreuses personnes dans le besoin n'ont pas de logement du tout....

 


Des situations différentes qui progressent en nombre:

Parmi eux, des situations très hétérogènes, comme:

• Les jeunes issus de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), plus particulièrement ceux ayant vécu plusieurs placements; 

• les femmes victimes de violences qui ont des besoins spécifiques et immédiats de mise à l’abri;

• les personnes atteintes de troubles psychiques et ayant un long passé à la rue ;

• les migrants dans l'attente d'un statut de réfugié ou l'ayant déjà, mais ce qui n'implique pas le droit au logement... ou pire, les MNA (Mineurs Non Accompagnés)

• et de plus en plus de personnes qui n'ont pas les moyens financiers suffisants pour se loger décemment et dont la survie dépend les associations comme les Restau du Coeur, le Secours Catholique, Action contre la faim et bien d'autres heureusement...

En effet, parmi les besoins primaires d'une personne, on trouve l'eau, la nourriture, la santé et le logement (j'y ajouterais l'éducation et la culture).

Parlons logement

C'est l'état (ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires*) qui est normalement en charge des problèmes de logement, et supposé accompagner les collectivités locales dans leur recherche et la coordination des associtaions.

Car le nombre de "sans abri" progresse d'année en année.

D'où différents hébergements, autorisé ou non, comme les squatt dans les locaux vacants, la rue, les hébergements d'urgence (donc précaires), quelques bâtiments mis à disposition par les collectivités locales, des équipements non occupés en permanence comme les gymnases ou bâtiments en attente de rénovation.

 


ET NOUS...

Et puis, il y a nous, nous qui avons un logement et parfois comme dit au début, une chambre vide. 

La solidarité voudrait que chacun se sente investi d'un devoir d'accueil, au moins temporaire, pour aider les associations à répondre aux nombreux besoins de personnes qui les sollicitent.

CHOISIR UN HÉBERGÉ?

Vous allez me dire, choisir, c'est porter un jugement personnel sur une personne qu'on ne connait pas. Donc faisons confiance aux associations qui les connaissent et accueillons les sans préjugé.

C'est ce que je fais depuis une vingtaine d'années.

- D'abord des migrants sans papiers pour leur permettre d'attendre une éventuelle régularisation et les aider à trouver du travail

- Puis des personnes à la rue à qui on permet de passer quelque temps dans un logement décent, avant de trouver un logement associatif (rares!). Ils n'acceptent pas tous, parfois, la rue est un choix de vie. Respectons.

- Puis des réfugiés politiques, qui ont subi des guerres, des traumatismes violents voire génocidaires dans leur pays. Je pense principalement à la Syrie, l'Iran, l'Afghanistan, certains pays d'Afrique et d'Afrique du Nord, les Arméniens...

- Enfin des réfugiés climatiques, qui ne peuvent plus vivre décemment dans leur propre pays

Chaque situation est différente au niveau de la différence de culture ou de religion. 

La peur (injustifiée!) du "grand remplacement" incite les États à chercher tous les moyens de limiter ces migrations.



Comment me direz-vous, vous n'avez pas cité les ukrainiens-iennes?

Le cas des réfugiés-es ukrainiens-ennes est, n'ayons pas peur des mots, privilégié. Pourquoi?

D'abord, ils sont de culture européenne et souvent de religion catholique. Donc leur différence est moindre par rapport aux autres "étrangers".

Ensuite, la guerre en Ukraine est un problème proche qui semble nous concerner particulièrement (et si elle arrivait jusqu'en France???)

Enfin les pays occidentaux les défendent unanimement contre une invasion russe, brutale et injuste (si tant est qu'une invasion puisse être juste!!).

Cela explique en partie notre attention privilégiée à l'accueil de ce peuple.

L'accueil en France et dans les pays européens a en effet été quasi exemplaire pour les Ukrainiens-iennes: en France par exemple: la sécurité sociale et donc les soins de santé sont gratuits, les transports aussi, ainsi que l'accès aux écoles et universités. Ils sont pris en charge par des associations spécialisées "ukraine" qui les accueillent, leur donnent des cours de français et contactent les foyers français en mesure de les héberger.

C'est mon cas.

Trois ukrainiennes ont habité successivement sur ma péniche depuis le début de cette guerre. Nous les avons accueillies selon une convention d'hébergement gratuit de 6 mois chacune, en mettant à leur disposition la "chambre du marinier" où elles sont autonomes (chambre, toilettes, salle de douche, cuisine).

La première voulait justement faire ses études en France. Pour elle, c'était presque une aubaine. Ses parents étaient loin d'être sans ressource.

La deuxième faisait en France une sorte de stage linguistique. Elle est repartie en Ukraine avec une bonne aisance en français, pour être traductrice dans son pays.

La troisième, fille d'un couple aisé en Ukraine, venait faire un peu de tourisme, sur les conseils de ses parents qui lui avaient payé le billet d'avion et lui assuraient un bon train de vie en France. Elle vient de partir pour louer un studio, ayant trouvé un emploi chez Carrefour.

Oui, c'est vrai, certaines personnes ayant fuit l'Ukraine, sont dans un réel besoin et ont eu du mal à se payer le voyage jusqu'en France.

Ce n'est pas le cas pour les 3 personnes que j'ai hébergées.


Donc je me pose la question...

Tant mieux pour ces personnes qui subissent la guerre dans leur pays de trouver des personnes accueillantes, c'est la définition même de la solidarité. Mais pourquoi sont-elles privilégiées par rapport à d'autres, alors qu'elles, ont des ressources? 


Alors, deux poids, deux mesures?

Ces 3 jeunes filles (sympathiques au demeurant), n'avaient pas vraiment BESOIN d'être hébergées gracieusement puisque pas de problèmes financiers. Ceci dit, il m'a semblé normal de leur mettre "le pied à l'étrier" pendant 6 mois, le temps de "se retourner" comme on dit.

Mais il n'empêche que pendant ce temps, les réfugiés Syriens, Afghans, Iraniens, Africains, risquent la mort en tentant de s'échapper de leur pays, par tous les moyens! À pieds en franchissant les frontières à leurs risques et périls; en embarquant dans des rafiots pour franchir la mer, aux "bons soins" des passeurs, souvent via la Libye où ils subissent des violences nombreuses et variées.

Ils-elles arrivent enfin (pour les plus chanceux) en Europe où il n'y a hélas pas grand'monde pour les héberger gratuitement et solidairement, leur permettre de travailler et de se nourrir... 

Obtenir une carte de séjour est compliqué, parfois impossible d'où les OQTF (Obligations de Quitter le Territoire Français).

Notons que même l'AME créée pour les étrangers en situation irrégulière, pourrait d'être supprimée (le Sénat vient de voter sa modification) pour la restreindre à l'AMU (U comme urgence) et réservée à ceux qui sont utiles en France!!!

 

À quand la suppression des frontières, la fin du repli sur soi, de la peur de l'étranger ?

et enfin créer un passeport de Citoyenneté Universelle (OCU) qui permet de se déplacer 

ET s'installer partout où on en a envie-besoin



* hébergement d'urgence - ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires: "L’accueil en hébergement est destiné à répondre aux besoins immédiats des personnes sans abri et en situation de détresse. La politique d’hébergement est fondée sur trois grands principes fondamentaux : l’inconditionnalité de l’accueil, la continuité de prise en charge et la mise en œuvre d’un accompagnement en vue de favoriser l’accès au logement."

 

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