A propos de l'antisémistisme, de l'arabo-phobie et de la nécessité vitale de vivre ensemble en paix

Les évènements de ces derniers jours avec la reprise du conflit israélo-palestinien depuis l'attaque terroriste brutale du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, suivie d'une réplique immédiate et très violente de Tsahal sur la bande de Gaza, m'invitent à penser l'origine de ce conflit religieuso-politico-ethnique.

UN PEU D'HISTOIRE

D'après Wikipedia, l'opprobe contre les juifs ne date pas d'hier, ni même du nazisme. Déjà en Égypte antique, les juifs étaient opprimés voire persécutés:

- à la fois en raison de leur foi (judaïsme), tout comme l'ont été les chrétiens, puis les musulmans d'ailleurs, 

- mais aussi pour leur comportement économique, disons "adaptatif". 

En effet, la stratégie des juifs a été de compenser leur faiblesse politique, sociale et religieuse (dont à cette époque -an 600- les interdictions de pratiquer certains métiers comme les fonctions civiles, l'agriculture ou l'artisanat), par une orientation devenue une force économique, via le commerce et les sociétés financières. Ce comportement financier s'apparente à un besoin de puissance (la finance étant, avec le territoire, un instrument de domination). 

Ce qu'on peut comprendre, on se défend comme on peut... 

D'où cette image du "juif fortuné" replié sur sa congrégation, voire lobbyiste, qui est la source principale de l'antisémistisme.

S'en sont suivies les "guerres de religions", celles qui ont opposées les trois religions monothéistes (chrétiens, juifs, musulmans) et qui perdurent hélas encore dans le monde entier, avec des territoires dominés historiquement par l'une de ces 3 religions et leur besoin de développer leurs puissances respectives. Les quelques États laïques dont la France, y échappent, quoi que...

L'État d'Israël, a été créé en 1948 pour les pratiquants de cette religion juive. Il s'agit donc d'un état essentiellement religieux, même si certains arabes habitant ce territoire ont obtenu la nationalité israélienne.

État officiel d'Israël en 2004 ( en jaune)

L'ANTISÉMITISME

D'après l'historien Edward Flannery (chantre de la réconciliation entre les religions) il y a plusieurs variétés d'antisémitisme :

• « l'antisémitisme économique et politique », donnant comme exemples Cicéron ou Charles Lindbergh
• « l'antisémitisme religieux » ou antijudaïsme ;
• « l'antisémitisme nationaliste », citant Voltaire et d'autres penseurs des Lumières qui attaquèrent les Juifs sur leurs supposées arrogance et avarice;
• « l'antisémitisme racial », exprimé par le nazisme 

POURQUOI CELA?

Ne confondons pas judaïsme, sionisme et sémitisme.

Le judaïsme: une religion monothéiste vieille de plusieurs milliers d’années. Ses adeptes, les juifs, suivent une série de lois religieuses, de rituels et de croyances basés sur des textes sacrés, dont la Torah. Le judaïsme englobe également une riche tradition culturelle et historique, notamment la langue hébraïque, la littérature, la musique, l’art et la cuisine. Les juifs constituent une communauté religieuse et culturelle diversifiée, une civilisation au même titre que les civilisations des autres continents: européennes, africaines, sud-américaines ou indiennes.

Le sionisme: certains juifs (pas tous loin de là!) se considèrent comme "le peuple élu" et de ce fait, revendiquent, outre la reconnaissance de leurs droits et d'un territoire, une antériorité religieuse historique que cette expression "peuple élu" met bien en lumière. D'où le sionisme qui est devenu une posture idéologique colonialiste, voire une doctrine politique de tendance extrême droite. Une affirmation de domination, de supériorité et, vis à vis de leurs co-habitants territoriaux les palestiniens, jusqu'à une posture de racisme envers les non descendants de Sion, notamment les palestiniens qui habitent pourtant depuis la nuit des temps ce même territoire. (pour plus de précisions, voir ici https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Palestine )

Le sémitisme: contrairement à ce qu'on peut croire, le sémistisme englobe les juifs ET les arabes. Il s'agit de populations descendant supposément de ces peuples antiques et reconnaissables à des critères physiques et linguistes, à savoir les Juifs et les Arabes. L'antisémitisme est donc, éthymologiquement parlant, une appellation globalement attribuée aux peuples du proche orient. L'antisémitisme devrait donc inclure les peuples palestiniens, majoritairement arabes. Cette classification raciale est aujourd'hui rejetée par les scientifiques car on ne peut classifier une population diverse à partir d'un territoire.

En tout état de cause le mot antisémistisme n'est pas le bon mot pour nommer un courant anti-juif.

 

Il faut aussi prendre en compte le repli sur soi identitaire du peuple juif, suite à sa dispersion dans le monde entier, faute d'Etat, ou de façon délibérée voire choisie (encore ce sentiment d'être LE "peuple élu"). 

Repli sur soi expliqué (partiellement) par le fait que cette religion, comme d'autres d'ailleurs auparavant, ne reconnait pas encore à ce jour le mariage mixte:   le mariage entre un juif et un "goy" implique que le goy se convertisse d'où la demande d'un certificat de judéité par le Rabin pour consacrer le mariage.

La diaspora en est à la fois la conséquence (repli identitaire) et la cause (faire groupe et créer un lobby juif). 

Cela explique en partie l'anti-sionisme que l'on assimile faussement à un anti-sémitisme... ce n'est pas le peuple juif qui est en cause, mais son idéologie sioniste.

L'ARABO-PHOBIE ou ISLAMO-PHOBIE

N'oublions pas que les Palestiniens sont principalement des arabes de religion musulmane donc de l'Islam. Il existe différents courants : chiites, sunnites, kharidjistes, mais en ce qui concerne les palestiniens, ils sont principalement sunnites. De la même façon que pour les autres religions, les mêmes oppressions historiques ont sévi, suivies de migrations. 

Concernant les arabes, depuis une vingtaine d'années, on a assisté à une montée de ce qu'on peut appeler "l'arabo-phobie" ou "l'islamo-phobie". À la fois en raison des attentats et violences d'islamistes radicaux, mais aussi en Europe, à cause des affrontements entre bandes rivales dans les quartiers défavorisés où la précarité règne. Ces affrontements sont en général issus du commerce de la drogue qui est une solution (certes néfaste) pour survivre. Les délits de faciès renforcent ce sentiment de persécution, voire de racisme anti-arabe qui s'ajoutent à leur précarité économique.

REVENONS AU CONFLIT ISRAÉLO-PALESTINIEN

On aurait pu penser que la création de l'État d'Israël (auto-proclamée par Ben Gourion le 14 mai 1948 et reconnu par l'ONU le 11 Mai 1949 avec comme capitale Jérusalem), aurait résolu tout cela, malgré pourtant l'absence criante de création d'un état Palestinien en parallèle.

Eh bien non! Peut-être justement car il n'y eut pas de création d'un État Palestinien en parallèle et sans doute aussi parce que les origines historiques des 3 religions monothéistes étaient implantées sur les même territoires (notamment Jérusalem revendiquée par toutes ces religions). 

De ce fait, s'approprier la ville de Jérusalem au sein de l'État Israélien, représente pour les 2 autres religions et surtout pour les Palestiniens donc de la religion de l'Islam, une "invasion", quand bien même si la ville de Jérusalem-Est a été déclarée internationale.

Après les accords d'Oslo (en 1993 suite à la première Intifada et la colère des palestiniens qui se sentaient envahis), l'Etat israélien est plus précisément défini avec une tentative de d'identifier les différents territoires (israéliens et palestiniens). Mais en vain... 

Car cela n'empêchera pas les israéliens de continuer à étendre leur territoire à l'Est, en Cisjordanie, au travers de ce qu'on appelle les "colonies" (péninsule du Sinaï, les territoires palestiniens occupés (dont Jérusalem-Est et sa proche banlieue), ainsi que dans le Plateau du Golan). Ceci sans que la communauté internationale s'en préoccupe.

Notons que ces occupations territoriales ont été considérablement développées depuis la prise de pouvoir par l'extrême droite de Netanyahou... qui est un sioniste notoire.

De là à conclure que cette attaque du Hamas s'explique par l'exaspération et la colère des palestiniens d'être considérés comme quantité négligeable voire comme des sous-hommes, il n'y a qu'un pas... 

LES SOLUTIONS POSSIBLES: 2 ÉTATS OU UN SEUL ÉTAT

Lors de la création de l'état Israélien, on l'a déjà vu plus haut, manquait en parallèle la construction d'un État Palestinien, d'où l'extension, dans le plus grand silence de la communauté internationale, de colonies israéliennes hors de l'État officiel israélien.

• Donc première solution: 2 États qui cohabitent en paix, sans que l'un prenne le pas sur l'autre et en respectant les territoires de chacun d'eux.

• Deuxième solution (qui a ma préférence): un seul État bi-national laïque et démocratique en partage entre israéliens ET palestiniens.  

Cela permettrait d'éviter les guerres entre états (et entre dirigeants) et instaurer une cohabitation pacifique où chacun reconnait l'autre dans sa différence. Plusieurs mouvements israélo-palestiniens (dont "Brit Shalom" = Alliance pour la paix) ont cette vision : par exemple Martin Buber,  Noam Chomsky ou encore Hannah Arendt qui écrivait déjà en 1948:  "Un seul État pourrait être une première étape vers une plus grande structure fédérale au Moyen-Orient et la région méditerranéenne… Le vrai but des Juifs en Palestine est la construction d’un foyer national juif. Ce but ne doit jamais être de s’attribuer une pseudo souveraineté d’État juif "

Certains taxent cette solution d'utopie. Mais n'oublions pas que l'utopie est une vérité anticipée!

 CONCLUSION:

Alors où se trouve la solution à ce conflit qui n'en finit pas, sachant que d'autres pays comme le Liban voir l'Iran pourrait entrer dans cette guerre pour soutenir les palestiniens et donc le Hamas, via le Ezbollah?

-Sans doute il faudrait que les palestiniens aient un représentant politique crédible et reconnu, pour mener des négociations d'égal à égal avec Israël, 

-Sans doute il faudrait que les Etats dits démocratiques (dont les USA principalement) arrêtent de soutenir les violences d'Israël vis à vis les palestiniens, sous prétexte de "vengence justifiée" contre l'attaque du 7 octobre,

-Sans aucun doute il faudrait cesser de raisonner en termes de religions et généraliser la laïcité*

-Sans doute aussi faudrait-il accepter ce principe fondamental que la fraternité humaine passe au dessus des croyances, territoires et désirs de puissance ou d'appropriation. 

Vivre ensemble, c'est la solution, même si c'est parfois difficile !

Bref, un peu de sagesse à appliquer aux différents dirigeants et à valider par les peuples (pas seulement les mouvements et partis dirigeants!).

Facile à dire!!!

 

 * Laicité: la liberté de conscience et celle de manifester ses convictions dans les limites du respect de l'ordre public, la séparation des institutions publiques et des organisations religieuses, et l'égalité de tous devant la loi quelles que soient leurs croyances ou leurs convictions.