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vendredi 11 octobre 2024

La Sécurité Sociale de l'Alimentation, une utopie? vraiment?

 Vous avez sans doute entendu parler de la Sécurité Sociale de l'Alimentation, mais c'est quoi au juste?

LES PRINCIPES:


 

Comme c'est le cas de la santé, il est nécessaire de pouvoir se nourrir pour vivre. C'est un droit. Or, en France, de nombreux ménages n'ont pas de quoi se nourrir correctement...

La Carte Vitale Santé existante serait donc doublée par une Carte Vitale Alimentation.

Quatre principes:

1- Universalité: 150€/mois disponibles sur cette carte pour tous. C'est la somme nécessaire pour se nourrir sur un mois en alimentation locale de base. Ça n'empêche pas de compléter pour le plaisir ou une grosse faim dans un magasin traditionnel.

Il s'agit là du même principe que celui du Revenu de Base Inconditionnel: riche ou pauvre, on reçoit la même somme. Pourquoi? afin de ne pas stigmatiser ceux qui ont absolument besoin de cela pour manger et donc pour vivre.

2- Conventionnement: cette somme peut être dépensée seulement dans des magasins conventionnés partout en France à partir d'un cahier des charges (bio et local). Ces magasins achètent les produits aux agriculteurs conventionnés (bio et locaux) et les revendent dans des magasins conventionnés via la carte Vitale Alimentation.

3- Gouvernance démocratique: le choix des produits et leur prix est décidé en commun par les acteurs locaux (groupes locaux par territoire)

4- Financement: Lors de sa généralisation, 150€ par personne et par mois, cela représenterait en France une dépense publique de 120 Milliards d'€ issus des cotisations sociales patronales et salariales (soit une part de PIB de 8% ). Pour comparaison, les dépenses santé en France représentent aujourd'hui 11,9% du PIB.

En savoir plus:

site de la SS de l'alimentation: https://securite-sociale-alimentation.org/

étude Agro Paris Tech (webinaire): https://www.youtube.com/watch?v=EIfJfaLNiFU

Vous allez me dire, en période de restriction budgétaire, c'est pas le moment...

Et pourtant, des expérimentations locales existent, afin d'étudier sa faisabilité.


LES EXPÉRIMENTATIONS:

-  en Gironde avec Clim'Action: à Bordeaux 4 épiceries sont en place et les 40 habitants expérimenteurs reçoivent leurs 150€/mois versé sur leur carte: https://caisse-alimentaire-ssa-gironde.fr/?PagePrincipale

- dans le Puy de Dôme avec Soli'Doume: 1000 personnes et 300 commerces qui fonctionnent en monnaie locale versé sur chaque carte: la doume (avril 2022) - expérimentation auto-financée par les volontaires

- en projet dès 2024, dans Lyon 8ème  avec CALIM8 : co-financé par les bénévoles candidats, Secours Catholique, VRAC, AMAP,  Centres sociaux et la Métropole de Lyon. Coordination par l’association TerritoireS à VivreS (TAV). Chaque mois, les membres cotiseront proportionnellement à leurs revenus et recevront en retour un crédit de 150 € minimum, à dépenser pour des produits alimentaires de qualité.

« Notre rôle est de prendre en charge la gestion de la caisse et de sélectionner les lieux et les produits dans lesquels les crédits peuvent être utilisés », explique Amélie Charveriat, coordinatrice de l’association.

En septembre 2024, 14 commerces et producteurs ont été identifiés avec l’aide d’une trentaine d’habitants à partir de critères de qualité choisis collectivement. Les 30 premiers foyers volontaires, dont la moitié vit dans la précarité, viennent de recevoir leur 1ᵉʳ versement. Ils seront 100 à partir de novembre 2024.

Le fonds de caisse prévisionnel est de 376 000 €, dont provient des cotisations. La Métropole va financer 46 % du budget total.

 

FOCUS SUR L'EXPÉRIMENTATION DE CADENET (VAUCLUSE) 


Issue d'une convention citoyenne, l'idée de cette expérimentation créée par le Clac (Comité Local de l'Alimentation de Cadenet) est née en 2020 et son étude de faisabilité (financement, gestions, implantation, choix des acteurs pour sa mise en place) sont réalisées depuis 2021 jusqu'à cette année 2024 - Elle est financée par la Fondation de France (60 000 € sur la première année).

En Avril 2024, 33 volontaires-bénéficaires du village sont tirés au sort (pour garantir la représentativité) et reçoivent sur leur carte 150€/mois pour accéder à une alimentation durable et locale, indépendante de l'industrie alimentaire (produits non transformés) et qui  garantit les revenus des paysans bio et locaux à qui on achète les produits ( zone agricole de 5 000ha).

L'épicerie sociale de Cadenet (AMAP) est le magasin conventionné où on peut venir chercher ses produits grâce à la carte vitale alimentation. Il s'y est ajouté cette année 2 autres magasins conventionnés: l'épicerie locale et le magasin de producteurs.

Gestion: le choix d'un versement mensuel de 150€ (donc en Euros) a été décidé pour un premier temps par souci de simplification, par rapport à une monnaie locale. Au niveau du fonctionnement/gestion, la carte Vitale Alimentation n'existant pas encore, les 33 bénéficiaires doivent conserver leur ticket de caisse à chaque achat et faire le compte de leurs dépenses. 

De leur côté les magasins conventionnés notent les achats avec les noms des acheteurs de façon à vérifier chaque mois que la somme n'a pas été dépassée.

L'analyse de l'expérimentation sera faite en avril 2025 soit 1 an après le démarrage.

NB: l'expérimentation fait des petits dans le Vaucluse:  Une autre ville voisine: Perthuis, envisage de réaliser la même expérimentation avec l'aide du Secours Catholique local.

Les 12 questions de gestion qu'une expérimentation doit tester:

1-qui expérimente? tirage au sort? volontaires?

2-doit-on donner une statut spécial aux plus démunis?

3-la périodicité des dépenses? tous les jours du mois? possibilité de tout regrouper une fois par mois?);

4-si on ne vient pas dépenser ses 150€ dans le mois, peuvent-il être cumulés sur le mois suivant?

5-et pendant les vacances?

6-comment vérifier les dépenses?

7-obligation que ce soit le possesseur de la carte qui vienne acheter?

8-possibilité de tout dépenser d'un seul coup?

9-les magasins conventionnés peuvent-ils vendre d'autres produits non essentiels que ceux qui sont inclus dans la SSA? des gâteaux, des bonbons, des conserves etc...

10-à terme les vendeurs seront-ils salariés?

11-qui décide du prix des produits: pour les agriculteurs et pour les acheteurs

12-les magasins conventionnés peuvent-ils faire du bénéfice? et si oui lesquels si il y a des salariés?

 

 

UTOPIE?

Comme on le dit à Utopia, l'utopie est une vérité anticipée. Donc pour progresser, il est nécessaire d'agir, de tenter, d'expérimenter ce qui semble juste.

Ces expérimentations, si elles sont avérées, devront un jour être généralisées en France (et pourquoi pas dans le monde!)

Pour que chacun, quel qu'il soit, puisse vivre et pour cela manger à sa faim.

Cette SS Alimentation ne vient pas "concurrencer" les organisations qui donnent à manger aux démunis. Elle permet de mettre tout le monde sur le même plan de justice sociale, comme le fait la Sécurité Sociale de la Santé.

Il est d'ailleurs fort probable que le fait de bien manger fasse faire des économies au budget santé!!



 

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