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lundi 5 juillet 2021

Activisme, éducation populaire et... créativité

J'ai l'habitude de dire que pour avancer, on doit marcher sur deux jambes et accepter de prendre le risque de se mettre en déséquilibre, le temps de soulever un des pieds pour faire un pas en avant. 

C'est ce même principe que l'on applique, quand on souhaite faire partager une idée visant le bien commun et la faire avancer dans le sens du plus grand nombre : 

- Première jambe, d'abord une éthique de conviction. Pour cela, informer, expliquer, argumenter et accepter de débattre. C'est le principe de l'éducation populaire

- Deuxième jambe en complément, une éthique de responsabilité. Il s'agit alors de passer à l'action, voire à la désobéissance civile, pour mettre la pensée en actes. C'est le principe de l'activisme politique. Activisme non-violent je précise car je suis d'accord avec Patrick Viveret* sur son refus de sacrifier l'éthique sur l'autel d'une soi-disant efficacité...

Ces deux éthiques sont complémentaires comme le sont nos deux jambes.

Et je vais plus loin.

L'une et l'autre méthode fonctionnent d'autant mieux avec de la créativité, donc dans la Joie et la participation de tous-toutes.

La créativité dans l'éducation populaire

Parmi les associations labellisées "éducation populaire", je connais bien les MJC. J'en ai été Présidente. Chaque fois qu'un atelier fonctionne bien, il y a toujours de la créativité transmise par l'animateur aux participants.

Par exemple?

Un atelier théâtre avec la fabrication de masques pour se mettre dans la peau d'un personnage créé par soi même et inventer son discours pour convaincre.

 

Une conférence gesticulée suivie d'un débat sur un sujet comme l'alimentation. Une bonne façon de communiquer une idée complexe de façon ludique et personnalisée.


La créativité dans l'activisme

Je connais bien XR (Extinction Rebellion) pour participer à des actions de désobéissance civile non violentes organisées par ce mouvement. Nous tentons, lors de chacune des actions, d'intégrer une idée créative qui soutient la thématique de l'action et qui déstabilise l'adversaire. Elle a l'autre avantage de faire s'interroger le grand public en notre faveur et d'alerter les media qui relaient l'action. Aucune dégradation, aucune agression, aucun blessé, le tout dans la Joie de faire ensemble.

Quelques exemples?

Le pont de Waterloo transformé en jardin

Les militants.tes d’Extinction Rebellion Londres ont bloqué  Waterloo Bridge, partiellement transformé en jardin, sous une grande banderole « agissons maintenant pour le climat". Ils ont été délogés sans opposer de résistance. Les passants ont applaudi.

Dénoncer un lieu particulièrement pollué: 

Les activistes ont décidé de bloquer un carrefour entouré d'industries polluantes. Et pour être sûrs d’y rester le plus longtemps possible, ils-elles ont collé leurs mains sur des blocs de béton, eux-mêmes collés au bitume. Pas facile pour la police de les déloger un par un avec du solvant !

Marche funèbre:

Des activistes vêtus de noir ont mis en scène une marche funèbre. Entourant des cercueils de carton symbolisant les victimes du changement climatique, parfois couverts de faux sang, accompagnés de la musique de la marche funèbre de Chopin, ils ont marché puis se sont allongés au milieu de la rue.


L'éducation populaire et l'activisme sont bien les deux jambes d'une même action militante. La créativité et la Joie en sont les ferments au même titre que la non-violence. Ce qui n'exclue pas l'énergie de la colère, mais lui permet de s'exprimer pour construire et pas pour détruire. Parce que oui " on peut s'opposer sans se massacrer" comme dirait Marcel Mauss !

 

* la colère et la joie - Patrick Viveret - éditions Utopia - Juin 2021

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