Pages

dimanche 6 septembre 2020

Et hop, on recommence comme avant: consommez bon sang!

J'entends sur tous les media le gouvernement scander cette antienne "il faut à tout prix relancer la croissance par la consommation". Ils vont même jusqu'à reprocher aux français d'avoir mis des sous de côté (au cas où) et les inciter à des dépenser fissa... 
CONSOMMEZ!


Sont-ils aveugles, bêtes ou empêtrés dans cette obligation de croissance, loi intangible des systèmes néo-libéraux? (capitalisme, monétarisme et économie de l'offre)
Alors que partout dans le monde, on parle de limiter le développement frénétique des industries produisant des produits de consommation néfastes au climat et à l'environnement, à travers  leur fabrication, leur transport, leur mise en vente sur le marché, leur utilisation et leur destruction (souvent rapide) après usage.

Soyons simple: la destruction de la planète (climat, nature, bio-diversité... et nous humains), est causée justement par cette croissance effrénée qui consomme des énergies fossiles et moult déchets, pour des productions de biens très souvent totalement inutiles. 
Vous me direz que sont les produits dit utiles? Vaste question à laquelle je répondrais à la serpe : tout ce qui est utile au Bien Commun ou ce qui répond à de réels besoins ressentis comme nécessaires à des millions de personnes au quotidien dans le monde.
 
Le monde d'après???
Comment peut-on encore justifier cette incitation à consommer de plus en plus n'importe quoi ? (voir maladie des achats compulsifs ou frénésie d'achats)
On a parlé du "monde d'après" pendant cette pandémie du virus qui nous a contraint à consommer moins, circuler moins. Et hop, d'un seul coup, les indicateurs de pollution ont soudainement baissé. 
CQFD! 
Alors les naïves comme moi se sont dit youpi, on va enfin comprendre qu'il faut changer de modèle, merci le virus! D'où cette profusion de mouvements alternatifs qui ont parlé, pleins d'espoir et d'énergie positive, du "monde d'après". 
Las!!!
 
Mais pourquoi cet acharnement?
Analysons le plan de relance du gouvernement avec l'injection de 100 milliards dans les secteurs dits "les plus porteurs". Je cite: "transformer l’économie en investissant prioritairement dans les domaines les plus porteurs et faire en sorte que la France puisse retrouver son niveau économique d’avant crise dans deux ans". Porteurs de quoi au juste? 
Ce plan de relance comporte 3 volets: écologie, compétitivité, cohésion. Pour l'écologie: 30 Milliards principalement sous forme d'aides à la rénovation énergétique des bâtiments. 
Bien dira-t-on c'est un bon début. 
Mais dans ces 100 milliards, 20 Milliards sont consacrés (parmi les 35 Milliards du volet compétitivité) à la baisse des impôts de production pour les entreprises, sans contrepartie de leur part (comme par exemple renoncer à la distribution de dividendes aux actionnaires ou créer des emplois ou investir dans leur impact écologique). Et cela pour "relancer la croissance".
Allons  plus loin: comment ce plan va-t-il se financer? avec 40 Milliards de subventions de l'Europe certes mais aussi avec 60 Milliards d'emprunt auprès des marchés financiers - autre façon de dire auprès des banques, des fonds d'investissement, des compagnies d'assurance...
Et du même coup, ce même gouvernement nous met en garde et nous culpabilise en disant que, attention, cela va augmenter la dette de la France et qu'il va falloir un jour la rembourser!
 
La dette, le mot massue!
Une dette pourtant illégitime si l'on considère qu'il n'y a pas à rembourser aux banques de l'argent nécessaire au Bien Commun. Je vous recommande à ce sujet l'excellent livre du regretté Davis Graeber: "Dette, 5000 ans d'histoire". Il y explique clairement que les dettes des États peuvent très bien être effacées sans que cela perturbe quoi que ce soit, y compris les créanciers (marchés financiers, banques centrales sinon le capitalisme financier qui fait de l'argent avec l'argent des dettes). Il suffit d'un trait de crayon pour les barrer sur les "écritures". Notons que la création d'argent se fait justement avec les emprunts des dettes... Voir aussi le dernier numéro de Socialter qui explique bien tout ça

Si je résume l'équation imbécile:
- le virus nous a prouvé (comme s'il fallait un virus pour démontrer cela!) qu'en consommant moins, on baisse radicalement notre impact sur le climat
- donc, logique néo-libérale, il faut recommencer à consommer pour poursuivre la sacré-sainte croissance
- donc il faut relancer les productions, utilisation et achats de produits inutiles et polluants
- donc il faut s'endetter et on remboursera quand ça ira mieux

Pendant ce temps, on recommence comme avant à détruire les ressources naturelles.
Et accélérer notre propre destruction !
 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

d'accord? pas d'accord? a bien aimé ou a détesté? postez votre commentaire!