Avec cette citation de Groucho Marx, rassurez-vous, je ne vais pas vous parler de l'alliance matrimoniale (quoique, en ces temps de confinement, ce soit un sujet à l'ordre du jour!), mais des alliances politiques.
Je viens de lire l'article de Libé sur les alliances possibles de la gauche, ce qui me donne à réfléchir.
Une alliance, c'est quoi au juste?
D'après Wikipedia, il s'agirait d'une "coalition politique ou cartel, union entre au moins deux partis, qui partagent certaines idées, en vue de réaliser des actions communes, notamment des candidatures aux élections. Les coalitions visent à présenter un programme commun visant à gouverner un pays, une région ou une entité administrative".
Les difficultés à faire alliance en politique sont nombreuses: questions de convictions, de visions, d'orientations stratégiques, mais aussi d'ego!
En effet, notre système électoral présidentiel est fondé sur la suprématie de l'Élu, un homme (ou une femme), les mal nommés "hommes providentiels", sur lesquels le pouvoir repose. Et avec eux leur coalition, réputée suivre quasi aveuglément le dirigeant (c'est ce que les Partis appellent la loyauté...).
Difficile avec ça de faire fonctionner la collégialité et l'intelligence collective pour parvenir à ce qui est pourtant le propre des Humains : coopérer!
Notre système démocratique-représentatif, reposant sur le vote à la majorité, en l'absence de pacte de consensus (quasi impossible), oublie que la prise de décisions par consentement est la seule façon d'avancer ensemble vers un but ultime commun, à travers une gouvernance partagée.
Un peu d'histoire
L'alliance la plus connue fut la fameuse Union de la Gauche, initiée par François Mitterrand et signé en 1972 pour les élections présidentielles de 1974, voulant réunir le Parti Socialiste, le Mouvement des Radicaux de Gauche et le Parti Communiste, sous un seul programme: le Programme Commun. Il a conduit François Mitterrand à la présidence de la République Française, avec des hauts, puis des bas compte tenu des difficultés à se mettre d'accord sur des orientations stratégiques, notamment les nationalisations. Il prendra fin en septembre 1977.
Alors, serait-il impossible aux gauches de se mettre d'accord?
Après d'autres scissions, notamment l'émergence d'une gauche plus radicale avec le Parti de Gauche devenu la France insoumise, sautons quelques décennies et venons-en aux dernières élections municipales qui voient le parti écologiste EELV promis à une belle avancée.
Avec la catastrophe du COVID19, nous n'avons pas pu assister aux traditionnelles alliances d'entre deux tours tant attendues, qui permettraient une "prise de pouvoir" franche lors du deuxième tour. Chacun étant occupé pendant le premier tour à compter ses forces afin d'être le maitre du jeu des alliances ou peser sur celles-ci. C'est ainsi que la citation de Groucho Marx "l'alliance ne protège qu'un seul doigt" prend, hélas, tout son sens...
Faire alliance aujourd'hui
Et pourtant! Ne pensons pas une seconde que tout se soit arrêté avec la crise sanitaire. Les Partis de gauche se rencontrent, échangent à travers des plateformes comme "Arc en Ciel" entre les Insoumis et les écologistes; "Initiatives Communes" entre EELV, GénérationS et le PS; "Big Bang" entre les Insoumis et le PC; sans compter les Mouvements a-partisans qui se rencontrent ( virtuellement!) autour de propositions, d'idées, d'actions vers le "Monde d'Après".
Toutes ces boucles vont-elles de réunir autour d'une alliance commune qui ne se fonderait pas sous la coupe hégémonique d'un Parti ou un Mouvement, mais en coopération?
Ce serait, il me semble, la seule façon de construire ce monde d'après pour qu'il ne soit pas une réitération du monde d'avant, avec même le risque d'une accélération pour "rattraper le temps perdu".
Pour cela, les citoyens, source et acteurs de la véritable démocratie, doivent être dans un rapport de force favorable. Les partis constitués ne venant qu'en appui et non en dirigeants-décideurs.
Certes, les oppositions sont fécondes, mais à condition d'accepter un débat constructif qui conduit à une acceptation réciproque pour le bien de tous-tes, méthode employée par les Communs.
À ce jour, le principe des assemblées citoyennes décideuses, objet du Municipalisme, n'a pas encore eu gain de cause face à la puissance des Partis constitués.
Comme le dit Edgar Morin: "nous sommes témoins d’une très grande vitalité des mouvements alternatifs et d’un
progrès dans les différentes prises de conscience, mais nous sommes
également confrontés à sa très grande dispersion : ces initiatives ne
sont pas reliées entre elles, elles ne sont pas arrivées au niveau d’une
pensée, d’une perspective politique sur le monde actuel"
Mais l'Histoire est en marche. Patience !
Oui c'est difficile et long, la véritable démocratie, cette alliance où chaque partie prenante ne vend pas son âme au profit du plus fort (traduire au profit de celui qui récolte le plus grand nombre de voix exprimées).
Et plus le territoire est grand (de la petite communauté au monde entier en passant par les communes, les pays...), plus il s'avère difficile de réunir les diversités dans une vision commune, sans laisser personne au bord du chemin.
Mais ce sera la seule façon pour que les humain de tous pays soient unis autour d'une vision commune et partagée.
Après la dernière guerre, il y eut la création du Conseil National de la Résistance et le programme correspondant. Relisez-le! Il est très actuel...

Tu as raison, stop aux egos et avançons ensemble!
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