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mercredi 18 mars 2020

La coopération est le propre de l'être humain

En ces temps bouleversés par le COVID19, le danger (mis à part attraper le virus) est de se replier sur soi à la mode "survivaliste": moi d'abord, les autres après, voire les autres sont des ennemis.
C'est un danger certes, mais de nombreuses initiatives montrent que l'entraide fonctionne entre les êtres humains.
Serait-ce juste une question de survie? Ou bien ce comportement va-t-il plus loin: vers ce que l'être humain comporte de spécifique, la coopération?

Qu'est ce que la coopération?

• Éthymologie : du latin « cum » (avec) et « operare » (faire quelque chose, agir). Il s’agit donc d’agir ensemble.
• Mais  la coopération va au-delà de la collaboration[1], du mutualisme[2], de l’alliance[3] ou même du partage[4].  
Dans la coopération, il s’agit d’agir ensemble solidairement au sein d’une œuvre commune, unis par un destin commun pour développer la connaissance mutuelle qui sera utile au groupe. 
• Soyons encore plus précis : coopérer dans un groupe social, c’est adopter volontairement 5 comportements-ressource:
- conduire des relations et des échanges d’une manière libre (non imposée), non conflictuelle et non concurrentielle,
-ne pas avoir dans le groupe de hiérarchie imposée,
-analyser les situations et partager les savoirs,
-accepter de rechercher ensemble les modalités appropriées au bon fonctionnement du groupe pour résoudre ses problèmes,
-imaginer des solutions pour parvenir solidairement dans le temps à des buts communs acceptés par tous pour un bénéfice mutuel. 
Et tout cela dans le but du Bien Commun de la communauté, en harmonie avec son environnement. C'est ce que les peuples premiers ont appelé le « buen vivir »
Nous entrons donc avec la coopération dans la notion de Commun[5] - Voir l'article sur les Communs ICI .
 
La coopération serait donc à la fois un acte altruiste ET rationnel visant à satisfaire les intérêts des individus et en retirer soi-même de la satisfaction.
Mais ce qui est encore plus remarquable, c’est que la coopération pour se développer, est sans cesse une quête de connaissance partagée (connaissance de soi, des autres et du monde), toutes choses qu’on ne peut pas faire de façon isolée.
Le bénéfice et le but sont liés : cette recherche de connaissance toujours en éveil qui prend la forme d’intelligence collective. Elle transforme des individus en pédagogues les uns pour les autres. En cela elle met en oeuvre l’ensemble des capacités et finalités humaines (intelligence pratique, créative, artistique…), n’a pas de durée limitée et est un processus libre de découverte mutuelle.

La coopération est-elle le propre de l'être humain?

Dans l’introduction de Gargantua, Rabelais nous dit que «le rire est le propre de l’Homme ». Je vais me permettre de contredire Rabelais. D’abord parce qu’on a découvert que beaucoup d’animaux rient, oui oui oui !  Mais qu'en est-il de la coopération?
Les scientifiques se sont longtemps demandés comment l’animal humain, défavorisé par sa constitution physique (nu, pas très puissant, pas très rapide, aux 5 sens peu développés…) avait pu survivre et même devenir l’espèce dominante du vivant sur Terre.
Et ils ont découvert que autant la collaboration était communément pratiquée par toutes les espèces (animaux et humains). C’est à dire qu’ils se regroupent pour s’entraider à parvenir à un but commun nécessaire à leur survie (la chasse par exemple ; ou la défense devant un danger ; ou même une certaine façon de « faire société »). 
Autant l’être humain est le seul à pratiquer la coopération en tant qu'apprentissage. Et cela pourrait expliquer son extraordinaire évolution et son développement.


De plus, les sciences cognitives ont montré que les humains depuis la nuit des temps, étaient spontanément portés à la coopération et que celle-ci découlait de mécanismes cognitifs et affectifs universels. La magie, c’est que même inconscients du pourquoi de cette pratique de la coopération, ils en ont découvert après coup les avantages ! La propension à la coopération est donc innée, mais son développement s’avère être un acquis car avéré utile.
La prospérité de l’être humain par rapport aux autres animaux non humains serait due, à leur volonté délibérée de faire société et surtout d’imaginer une organisation collective projetée dans le temps. C’est un process à la fois créatif et social.

La coopération dans le cas d'une pandémie
Le Corona Virus est devenu pandémie, c'est à dire qu'il met en danger la totalité de l'espèce humaine (et seulement humaine, les animaux ne sont pas concernés).
Coopérer prend donc tout son sens, dans la mesure où seul, on ne peut pas lutter.  Il ne s'agit pas seulement de notre survie, mais d'un apprentissage à apprendre ensemble comment s'adapter.
Il faut donc coopérer à plusieurs niveaux: 
• trouver une solution médicale pour soigner (ou empêcher de tomber malade). On est bien dans l'apprentissage et l'intelligence collective.
• se comporter en empathie avec les autres, aussi bien et paradoxalement en évitant de s'approcher d'eux, qu'en en prenant soin. Je pense par exemple aux personnes âgées et/ou fragiles ou isolées (en faisant leurs courses en leur exprimant de l'attention). Ceci est aussi une forme de coopération qui va au delà de la survie.
• apprendre de cette nouvelle situation et y adapter nos comportements. Apprendre la résilience en coopérant les uns avec les autres. 

Les institutions permettent d'organiser cette coopération, mais seuls les individus peuvent la mettre en oeuvre.

"Les gens qui agissent ensemble en tant que groupe peuvent accomplir des choses qu’aucun individu agissant seul ne pourrait jamais espérer réaliser." Franklin Roosevelt
 




[1] Collaboration : Acte de travailler, faire des efforts ensemble pour atteindre un objectif, un résultat. Processus par lequel deux ou plusieurs individus s’associent pour parvenir à leurs intérêts.
[2] Mutualisme : Chaque individu apporte un service et en tire une récompense. Le mutualisme se met en place quand les bénéfices de l’interaction sont supérieurs aux coûts de la mise en place de cette interaction
[3] Alliance : Accord, union de choses ou êtres de nature différente
[4] Partage : Diviser une chose en plusieurs parties séparées, pour en faire la distribution et les redistribuer.
[5] Commun : ressource partagée, gérée, et maintenue collectivement par une communauté ; celle-ci établit des règles dans le but de préserver et pérenniser cette ressource tout en fournissant le droit de l'utiliser par tous également

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