Même les media, pourtant supposés ne pas être de dangereux novateurs en matière d'idée, s'en emparent. On parle tantôt d'effondrement, tantôt de collapse ou de predicament (situation inextricable) et voilà de nouvelles sciences plus ou moins exactes qui apparaissent, comme la collapsologie.
Personne ne doute plus que nos sociétés en sont les responsables et qu'il est urgent d'en changer.
La pétition laffairedusiecle a recueilli 1 900 000 signatures à ce jour, et ce n'est pas fini! Il va bien falloir que le gouvernement français finisse par en tenir compte!
brouillon mais bien réel des gilets jaunes, diverses tendances se profilent. Tous sont d'accord pour constater qu'on ne va pas dans le mur, mais qu'on y est bel et bien, mais avec des réactions divergentes au choc annoncé .
• Il y a des vrais pessimistes que vous finissez d'écouter ou de lire pour aller tout droit dans l'armoire à anti-dépresseurs.
• Des non moins vrais optimistes qui vous disent qu'il est encore temps de tout changer si vous le voulez vraiment, la preuve c'est qu'il existe des tas de belles expérimentations dans le monde. Et comme ça fait du bien d'entendre ça, le film Demain et sa suite Après Demain sont plébiscités (et c'est tant mieux, merci à Cyril Dion!)
• Des survivalistes qui mettent de côté quelques pécules pour se préparer à élever des murs autour de leur maison-bunker qu'ils achètent bien au Nord et si possible en haut d'une montagne, avec un jardin bien sûr, des fois que...
• Et puis il y a les résilients, qui savent bien qu'en effet on va à la catastrophe. Que celle-ci peut arriver brutalement sans prévenir en raison de l'effet domino, les fameuses boucles de rétroaction. Car tout est lié, maux écologiques et maux sociétaux.
Mais les résilients ouvrent des pistes d'adaptation et les chemins de coopération pour penser et vivre le monde autrement.
Être conscient que le réchauffement climatique est inéluctable, qu'il est bien de notre fait, qu'il provoque l'extinction des espèces et de la bio-diversité et que ce déséquilibre entraine avec lui les migrations, les guerres, la famine et bien sûr la remise en cause de la croissance qui est encore l'alpha et l'oméga de notre économie en perdition. La fin des énergies fossiles, alors que toute notre économie (industries, technologies, déplacements, biens de consommation courante, infrastructures, agriculture) sont fondée sur elles, c'est pour demain matin...
C'est comme ça, on n'y peut plus rien sinon s'entr'aider pour amortir le choc, surtout auprès des plus démunis, des plus fragiles et s'adapter, tous ensemble.
Tant que la catastrophe ne sera pas arrivée, on n'y croit pas vraiment!
C'est pour cela que des penseurs sans peur (et sans reproche apparent), conscients que ça urge, tout simplement osent le dire haut et fort.
Ainsi Pablo Servigne et Raphaël Stevens s'appuient sur le fameux rapport Meadows de 1972 qui pointait déjà les limites de la croissance (verte ou pas verte c'est pareil!). Il insistent sur la nécessité de résilience.
Bien avant, Ivan Illitch, précurseur de l'écologie politique, prévoyait déjà la catastrophe produite par nos sociétés industrielles qui détruisent les écosystèmes du monde entier.
Et puis, vous vous souvenez? le best-seller de Jared Diamond paru il y a... 14 ans!
Nicolas Casaux, auteur du blog Partage-le et initiateur de la pétition laffairedusiecle tente, lui d'argumenter autour de la chance que nous offre cette prise de conscience de sortir très vite d'une société industrielle tellement aliénante qu'on se demande encore comment on peut la trouver normale!
L'ancien ministre Yves Cochet souligne l'aveuglement des politiques, enfermés dans un système sans issue.
Valérie Cabanes plaide en juriste engagée pour faire inscrire dans la loi le crime d'écocide.
Jean-Pierre Dupuy en bon philosophe nous dit que quand l'impossible est certain, il faut savoir penser le pire pour faire bouger les lignes.
L'astrophysicien Aurélien Barrau propose un nouveau pacte avec le vivant...
Je suis de tous ceux là et nous sommes de plus en plus nombreux.
Parce qu'il y a des alternatives à cette société fondée:
- sur le profit plutôt que le bien-vivre (buen vivir),
- sur la concurrence plutôt que la coopération,
- sur l'épuisement conscient des ressources naturelles plutôt qu'explorer le biomimétisme,
- sur la croyance quasi mystique en la haute technologie salvatrice plutôt qu'en l'harmonie avec notre milieu en développant les low-tech,
- sur la consommation effrénée de biens et l'accumulation des déchets, plutôt que la frugalité...
- sur une alimentation industrialisée qui finira par nous laisser démuni lorsqu'il faudra assurer son autonomie alimentaire (si cette alimentation bourrée de toxines ne nous a pas tué avant!)
Hors la résilience, pas de salut
Hors la coopération, pas d'avenir possible pour le vivant
Et aussi hors le sentiment d'un intense moment de bonheur et d'émotion au coucher du soleil, pas de confiance dans le lendemain.
Mais le dire haut et fort de suffit pas, le vivre en conscience non plus. Il faut accepter que le combat de la transition soit rude et que nous en soyons les acteurs au quotidien.


Superbe de précisions et de, comment dire, de sang froid !
RépondreSupprimerMaintenant on se retrousse les manches, on se met à pratiquer de l'intelligence collective, si vous voyez ce que je veux dire...Et on engage une action coordonnée, rapide efficace et sensée ! Bref on invente un système socio-économique alternatif. Un système qui place l'être humain au centre de nos préoccupations. Pour aller plus vite on peut lire : "La théorie du donut" de Kate Raworth, qui parle du soleil, en utilisant le terme d’Étoile Flamboyante, car il est déterminant en terme de ressources énergétiques renouvelables !
Merci pour ce commentaire! Vous avez raison, maintenant qu'on sait, il faut agir et vite! je ne connaissais pas ce livre de Kate Raworth qui apparemment remet en cause elle aussi la croissance. Je vais l'acheter. merci pour l'info. Et puis j'aime particulièrement la terminologie d'étoile flamboyante!
SupprimerExcellent article Mme Brichet, vous avez bien fait de le publier sur votre profil FB car je ne connaissais pas vos talents d'essayiste! Vous avez juste oublié un penseur-géographe russe, Piotr Kropotkine qui le premier a parlé d'entraide (qui s'écrivait alors entre'aide). Donc j'ajoute par ce commentaire ma pierre à votre édifice (enfin quand on parle d'effondrement, drole d'édifice!!).
RépondreSupprimerAlain
Merci Alain pour cette pierre (Piotr) que j'avais oubliée. Je connaissais "la morale anarchiste" de Kropotkine, mais ne savais pas qu'il avait aussi anticipé la possibilité d'un effondrement. Ceci dit, c'est logique car il s'était écarté du marxisme justement pour s'opposer à la productivité
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