Dans une société dominée par la compétition, la performance et la puissance, la fragilité apparait comme une tare qu'il est nécessaire de cacher, voire de soigner. Dire de quelqu'un "c'est un faible" est généralement une insulte, au mieux un jugement de valeur négative.
Pour le Littré : "fragilité: caractère de ce qui peut se briser facilement."
Imaginez, une machine fragile! Un défaut qui implique un risque dans son utilisation, donc à remplacer, à mettre au rebut, bref une mauvaise machine.
La fragilité s'oppose donc à la solidité et son corollaire la force, la durabilité.
Mais voilà, nous ne sommes pas des machines, et tant mieux, alors assumons notre fragilité.
Il est vrai que la nature n'est pas tendre
avec les fragiles. Fragilité physique, sociétale ou psychologique, toute chose qui met en péril notre longévité, notre capacité à vivre heureux longtemps...
Car nous avons tous nos fragilités,
parfois bien cachées par peur que l'autre en profite pour nous faire du mal. Mais
comme le
"chevalier à l'armure rouillée", « Nous dressons des barrières pour protéger ce que nous pensons
être. Puis, un jour, nous nous retrouvons coincés derrière ces barrières et nous n’arrivons plus à en sortir. ». En nous revêtant de notre carapace en guise
de protection, nous passons à côté de bien des émotions, bien des
rencontres, bien des rapports humains !
La fragilité est la possibilité d'être détruit, mais n'est ce pas notre lot à tous et toutes puisque la destruction est inscrite de façon indiscutable dans la notion de temps.
La question est "quel temps? quelle durée? ".
Soyons honnête, chacun.e d'entre nous est conscient.e de ses propres fragilités que nous évitons consciencieusement de montrer, jusqu'au moment où cette fragilité prend de l'ampleur. Nous constatons alors de l'étonnement autour de nous. Qui aurait pu se douter que derrière cette apparence de roc lisse et dur, se cachent des points de faiblesse?
Oui, osons la fragilité!
Et pour revenir à la société et son rapport à la fragilité, la notion de prendre soin, de "care", de sollicitude à l'égard des plus faibles est un élément fondamental du vivre ensemble.
Parce que prendre soin des plus fragiles est la définition même d'une société.
Par devoir ou instinct de protection cette sollicitude s'exprime naturellement entre les parents et leurs enfants. Puis par extension entre les forts et les faibles.
Cette éthique de la relation est-elle valorisée dans nos sociétés? Certes non et pourtant, elle est le garant du lien social qui fait tenir une société debout longtemps. Les systèmes de protection sociale en sont le garant, mais aussi notre propension à l'empathie et à la fraternité, qui devrait être naturelle.
N'oublions pas qu'une chaine a la force de son maillon le plus faible et que l'Humanité est une chaine !
Quiz à deux balles:
- Vous voyez une femme se faire agresser dans la rue
• réponse 1: vous passez votre chemin, ce n'est pas votre problème
• réponse 2: vous appelez la police
• réponse 3: vous intervenez pour vous porter au secours de la femme
- Un de vos collègues de travail est souvent malade donc moins performant
• réponse 1: vous demandez à votre chef de le remplacer par quelqu'un d'autre
• réponse 2: vous râlez de devoir faire son travail à sa place trop souvent
• réponse 3: vous l'appelez régulièrement pour lui demander de ses nouvelles et offrez de l'aider
- Au cours d'une soirée, vous apercevez une des invitées qui ne participe pas aux festivités
• réponse 1: vous trouvez qu'elle gâche l'ambiance et reprochez à l'organisatrice de la soirée de l'avoir invitée
• réponse 2: vous lui faites remarquer ironiquement que c'est une soirée où on on est censé s'amuser
• réponse 3: vous allez la voir pour discuter avec elle et comprendre
Bon je suppose que vous avez 3 réponses 3.
Alors, soyons optimiste, les fragiles ont encore leur place dans notre société !


Hi hi j'ai en effet trois réponses 3, mais c'est mon surmoi qui a répondu! en tout cas, bel article qui rappelle notre devoir élémentaire
RépondreSupprimerBravo à votre sur-moi !
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