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mardi 4 septembre 2018

L'avenir se joue dans les mouvements alternatifs

Fin aout 2018. L'Université d'Été Solidaire et Rebelle (UESR) se tient pendant 5 jours sur le campus de l'Université de Grenoble. 
250 mouvements alternatifs, plus de 2 000 participants, 33 modules, 73 ateliers, 11 forums (voir ici le programme ou encore le film ICI).
Un foisonnement d'idées, de débats politiques passionnés, de méthodes d'animation participatives étonnantes. Et partout cette bienveillance, ces sourires fraternels (oh pardon sororels aussi!), cette écoute incroyable, cette envie d'apprendre, de voir autrement, de s'éveiller à d'autres paradigmes qu'on invente en les rêvant.
Une acceptation naturelle de la contradiction, sans agressivité ni colère. Un doux mélange inter-générationnel (avec une majorité de moins de 30 ans cependant), qui se côtoie, s'interpelle joyeusement autour d'un stand vegan ou de produits locaux bio. Du plaisir partagé aussi, les soirs, avec des stand'up et concerts hors les murs...
Un nouveau monde est en train de naitre. C'est sûr!

Relier la multitude


Déjà l'an dernier, à l'UE d'Utopia, Edgar Morin répondait malicieusement à mon inquiétude sur la faiblesse quantitative apparente des mouvements alternatifs "ne t'inquiète pas Geneviève, vous êtes une multitude, mais vous ne le savez pas". J'avais envie de le croire, mais la tâche me semblait immense et sa généralisation tellement lointaine...
Et pourtant, s'il avait raison? S'il ne suffisait en fin de compte que de relier une multitude?
Parce que le défi, il est là. Il est dans la reliance. Pas facile si l'on accepte que celle-ci se fasse sans leader, sans chef, en commun.

Créer du Commun
Les Communs et son actualisation politique le Municipalisme, ont été le module phare de cette UESR, à l'organisation duquel j'ai participé. Ce concept entre propriété privée et publique (voir mon article ICI), fait lentement mais surement son chemin.  
Cette notion de "tiers lieu" est encore sans statut juridique à part entière, si ce n'est par le biais du statut associatif ou coopératif. Mais il progresse à grand pas à travers de nouvelles formes d'habitats participatifs, des territoires partagés (jardins, terres agricoles comme à Notre Dame Des Landes), 

des plateformes numériques libres (wiki, logiciels en accès libre,  canaux de partage publics en block chain comme Frama...).

Toutes ces expériences forment un réseau entrelacé qui grandit à toute vitesse avec les nouvelles générations.

Plus que Mai 68, une tendance politique lourde
Mai 68 fut une révolution culturelle et de moeurs plus que de société. Bien qu'elle ait voulu être, comme le disait une des affiches, "le début d'une lutte prolongée", l'énergie de Mai 68 était une énergie centrée sur l'émancipation de la personne. Elle ne fut pas suivie d'un changement politique profond et a bel et bien été le terreau de la société de consommation actuelle.
La lutte aurait-elle sauté 50 années pour enfin se prolonger?
J'ai vécu Mai 68 de l'intérieur en tant qu'actrice et aujourd'hui, je crois bien connaître les mouvements alternatifs actuels. De l'intérieur et en tant qu'actrice aussi.
Ils sont centrés sur la conviction qu'un autre monde est possible, que ça prendra du temps, mais que ce monde est à venir inéluctablement. Et ils y travaillent, organisés, sans peur, avec courage et détermination.
Les acteurs de ces mouvements sont bien plus mûrs, réflectifs et engagés, qu'il y a 50 ans. Il savent comment agir collectivement et m'apparaissent aujourd'hui comme une alternative politique crédible pour basculer vers un changement fondamental de société.

Comment? je n'en sais rien encore, mais le germe est bien là et j'entends bien l'accompagner!



3 commentaires:

  1. Je te reconnais bien là Geneviève! Mais j'ai une question à 100 balles: tu te revendiquais socialiste. Que deviennent les partis politiques dans cette histoire?

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    1. Excellente question! pour ma part, je n'ai pas renouvelé mon adhésion au Parti Socialiste depuis 1 an. Je pense que l'organisation pyramidale des partis traditionnels dits "de gouvernement"est obsolète. Ceci dit, je reste fidèle aux valeurs socialistes fondamentales. Le problème, c'est qu'elles ont été dévoyées. À l'UESR, les partis n'étaient pas représentés en tant que tels, ce qui n'empêchait pas les participants d'être adhérents à un Parti. Mais ils étaient là sous leur statut de société civile ou si tu préfères, de citoyens.

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  2. un article optimiste qui remet du baume au coeur! merci Mme Brichet

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