Mes liens avec la faune des bas-ports du Rhône

Depuis 40 ans que j’habite sur ma péniche Balthazar, j’ai créé des liens avec la faune des bas ports.

En voici quelques exemples à travers la faune aquatique, semi aquatique et les oiseaux

La faune aquatique:

D’abord les poissons. Je suis végétarienne donc pas question de les pêcher ! il y en a plein : les brochets, les truites, les carpes, les brèmes, les ablettes, les goujons, les vairons, les aprons…

Au printemps, les alevins pullulent entre la rive et mon bateau, là où le courant est calme. Tous ces poissons savent que je jette les restes de nourriture par la fenêtre de la cuisine et ils se précipitent pour les avaler ! Et bien sûr les silures ! Un plongeur, qui vient de temps de temps vérifier l’état de la coque, est remonté à toute vitesse un jour, un peu affolé, car il avait tout près de lui un gros silure ! Oui oui, le silure en question a élu domicile sous la salle des machines (à la poupe de la péniche donc) et le plongeur a eu bien peur de cette bête énorme qui le regardait avec curiosité à 30 cm de lui !!

La faune semi aquatique:

D’abord  les castors. Ils sont beaux, élégants et bien utiles dans les ripisylves ou les losnes  pour créer des barrages naturels qui retiennent l’eau, mais destructeurs des arbres avec la taille en pointe de leurs dents acérées! Quand l’un d’eux arrive (en général les jours de crue) pour grignoter les beaux arbres du bas port devant ma péniche (saules, chênes, platanes, érables, mûriers, figuiers, bambous ) dont je prends grand soin, je le chasse gentiment mais fermement en lui expliquant que non, on ne grignote pas ces arbres là !  Alors, il plonge mais à peine  rentrée dans la péniche,  je regarde par le hublot…il est déjà de retour, alors je me fâche et il s’en va pour de bon, d’un coup de queue décidé !!

Il y a aussi les ragondins et les rats musqués. Il parait que ce sont des animaux invasifs. Moi je les aime bien, ils sont agiles dans leurs déplacements moitié sur l’eau moitié dans l’eau. Quelle aisance et élégance! On peut les confondre avec les castors, sauf la queue!

 

Et puis les loutres. Elles nagent avec rapidité mais aussi douceur, fluidité, sans faire de vagues, avec leurs petits yeux malicieux et curieux qui émergent à la remontée !  Et hop,  elles se reposent en faisant la planche!

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Sans compter les autres rongeurs dits “communs”: rats, mulots, souris malicieuses qui s’enfuient à toutes pattes quand je monte sur la passerelle. Ils sont chez eux sur le bas port, ne font aucun mal et élisent souvent domicile avec leurs petits sous le composteur du quai. Nous déplaçons les bébés avec précaution lors des retournements de compost et leur promettons qu’ils pourront revenir, dès le compost emporté. Mon chat, protège l’intérieur de la péniche, simplement grâce à son odeur que les petits rongeurs détestent ! Ils ne franchissent jamais la passerelle.

Il n’y a plus beaucoup de crapauds, le courant ne favorisant pas leur habitat, et plus du tout d’écrevisses que ma fille ramassait il y a une vingtaine d’années le long de la rive. Hélas, je pense que la pollution y est pour quelque chose…

Les canards et cygnes (qu’on va mettre dans cette catégorie tant leur vol est lourdaud), eux,  pullulent. Ne tentez pas de donner à manger à un cygne à la main, il vous pincera les doigts très fort! ma fille en a fait l'expérience à ses dépends…

Souvent au printemps, les canes nichent dans le bac à plantes sur la terrasse. Quand je vois les oeufs, j’essaye de ne pas déranger la maman cane qui couve et j’ai souvent eu l’occasion d’admirer la naissance des petits canetons, qui très vite sont incités à suivre leur mère pour sauter dans l’eau du haut de la péniche. Ils hésitent un peu, puis le premier prend son courage à deux pattes, suivi immédiatement par tous les autres! Un plouf de 3 mètres de haut quand même!!

Les petits canards rescapés des silures et autres chiens errants, piaillent joyeusement en suivant leurs parents et grandissent très vite en changeant la couleur de leur plumage (notamment des cygnes qui jusqu’à 2 ans, sont noirs puis gris avant de devenir blancs). 

Et certains se hissent lourdement jusque sur le tau de la terrasse…

 

 

Les oiseaux:

Je suis réveillée chaque matin par le chant des oiseaux: mésanges au pépiement aigu, merles qui croassent, tourterelles qui roucoulent amoureusement, pigeons égarés des rues avoisinantes. Les cormorans, grands dévoreurs de poissons, peuvent rester jusqu’à une minute sous l’eau ! Le  héron cendré, lui, a élu domicile sur l’amarre avant, de ma péniche, souvent posé sur une seule patte! 

Et puis les moineaux piailleurs qui se chamaillent.

Il y a aussi la pie ! Celle-là, elle est un peu envahissante, car elle a décidé que la péniche, c’était chez elle. En automne, elle se régale des olives de l’olivier planté dans un grand pot sur la terrasse de la péniche. Elle les saisit dans son bec, se pose sur la table pour les décortiquer et jette le noyau par terre du genre “Geneviève, peux-tu nettoyer?”. C’est elle aussi qui vient choper les morceaux de pain de mon déjeuner dans la corbeille !

De temps en temps, un martin-pêcheur vient se poser sur une des branches basses des bambous. Je ne me lasse pas d’en admirer les couleurs vives. Je lui ai fabriqué un nichoir sur les branches d’un saule. Il aime bien mais pas de petits en vue. Peut-être qu’il est tout seul?

Je ne sais pas s’il faut mettre les libellules dans cette catégorie, mais elles sont nombreuses à vivre sur les roseaux qui poussent dans l’eau près de la rive, avec leurs belles couleurs bleutées.

En hiver, les mouettes passent en nuées par Lyon pour leur migration. Elles font un raffut du diable, à la fois par leurs piaillements rauques et lorsqu’elles se posent sur l’eau dans de grandes éclaboussures! Quand on les appelle pour leur donner une épluchure, elles se précipitent en meutes !

Et puis les hiboux ou les chouettes qui montrent le bout de leur bec crochu juste avant la nuit et font entendre leurs hululements, leurs grands yeux ronds bien ouverts, semblant vous juger sans cligner…

C’est ça, la vie sur l’eau !