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mercredi 19 juin 2019

Les black blocs pour le meilleur ou pour le pire?


Comme suite au précédent article sur l'activisme, voyons comment fonctionne l'action directe éventuellement violente, caractérisée par ceux qu'on appelle les Black Blocs.
Leur dénomination vient de la nécessité, lors de leurs actions, de ne pas être reconnus, l'anonymat faisant partie de leur fonctionnement. Ils-elles (oui, il y a des blacks bloc femmes!)  se couvrent donc le bas du visage d'un masque ou un foulard et portent en général une cagoule et des vêtements noirs. La couleur noire faisant référence à l'anarchie.

Origine:
Cette forme d'activisme est née dans les années 1980 avec les autonomes allemands de Berlin Ouest (Schwarzer Block), pour défendre, par une critique radicale et engagée (occupations, blocages), les squatt et autres lieux autogérés menacés d'expulsion ou de destruction.  
Ils apparaissent dans la mouvance de l'ultra gauche avec les mouvements anarchistes libertaires, féministes, anti-capitalistes, anti-fascistes et anti-autoritaires.

Des actions ciblées:
Les Black Blocs exercent une pression publique visible, en réponse à ce qu'ils considèrent comme des violences sociales, économiques et environnementales et contre les lois liberticides
Ils interviennent sur l'espace public à travers des actions ciblées : réquisition, occupation de lieux menacés d'expulsion ou de destruction, attaque de symboles du capitalisme, de la société de consommation comme les banques ou magasins de luxe, la publicité et des symboles de l'État... 
Mais aussi en soutien à des manifestations de rébellion (comme celles du 1er Mai ou celles des Gilets Jaunes, pour prendre un exemple récent). 
Leurs cibles humaines sont exclusivement les forces de l'ordre dans le cadre de la répression policière et les militants d'extrême droite. 
À contrario, leurs actions viennent en solidarité des autres rébellions et la violence (si violence il y a) n'est jamais tournée contre les manifestants ou les citoyens, qu'ils se font un devoir de protéger et d'aider notamment en détournant l'attention des forces de police sur eux.
La violence n'est pas systématique, elle n'est qu'un moyen de mediatiser leurs actions. Il existe aussi des manifestations pacifiques de Black Blocs avec marches et banderolles. Si ces manifestations pacifiques débouchent sur des affrontements avec les forces de police, c'est souvent en réaction aux brutalités policières que la simple vue de Black Blocs déclenche par réflexe.

Une organisation sans organisation
Contrairement à ce qu'on croit, ce ne sont pas des "casseurs", mais des individus engagés.
Ils fonctionnent par groupes d'individus (et non au sein d'un mouvement structuré), pas forcément de grande ampleur, les moyens spectaculaires utilisés ne nécessitant pas d'avoir recours au nombre. Cela n'empêche pas que la mouvance Black Blocs soit présente au niveau international.
Ils se rassemblent spontanément par groupe d'affinité de façon informelle, éphémère et sans organisation hiérarchisée, sur un évènement qui correspond à leur lutte. Ils n'ont ni chef, ni leader, se présentent en leur nom propre lorsqu'ils sont arrêtés et jamais au nom d'une organisation.

Une tactique: la guerilla urbaine 
Les black blocs se forment généralement au point de rendez-vous des manifestations loin du regard des policiers, derrière des bannières ou cachés dans la foule, ou pendant les manifestations quand une intervention policière ou une action directe se prépare. Les activistes s'habillent et se masquent de noir pour symboliser l'unité, leur solidarité et l'égalité des hommes et femmes au sein d'un black bloc et créer un effet de masse, mais surtout pour se protéger des caméras de vidéo-surveillance et pour éviter d’être identifiés par les forces policières.(source wikipedia)
Ils utilisent un outillage composé exclusivement d'armes par destination (pierres, pavés, barrières, bouteilles, feux d'artifice).
Selon le philosophe Alain Badiou, l'action des Black Bloc se définit comme une "contre-violence politique, une expression de la légitime défense auxquels auraient le droit de recourir à un moment donné « les dominés », « les exploités », « les opprimés » et, plus largement, celles et ceux qui refusent que les sociétés modernes soient  régies par « la morale de l'intérêt privé » et « la concurrence des égoïsmes »

Que faut-il en penser?









• Les partisans de l'ANV (Action Non Violente) pensent que la violence engendrant la violence, cette action n'est pas efficace, voir contre-productive, l'objectif de convaincre et rallier la population pour changer la société étant plus incertaine. ("another world is possible")
De plus, vu sous l'angle de l'éthique, détruire/abimer un monument ou bâtiment public ou malmener un policier est du registre de l'interdit moral. Ils orientent donc leurs actions sur la désobéissance civile, la rébellion non violente et les manifestations ou occupations pacifiques, voire créatives.
(voir article précédent)
• Les partisans de l'AV (Action violente), eux pensent comme les Black Blocs qu'aucune avancée politique, sociale et écologique ne peut se faire par progression ou transition (petits pas), le rapport de force étant trop inégal. Ils appuient leurs affirmations en analysant l'Histoire où en effet toutes les grandes avancées de la société sont passées par ce qu'on appelle des "changements brusques" (révolutions; séditions, insurrections, révoltes, dissidence). Peu importe donc les moyens, pourvu qu'on arrive au but recherché : un changement de société.

Or ce but recherché au final est globalement le même entre un Black Bloc et un militant de Extinction Rebellion. Il s'agit donc bien d'un problème de moyen (ou de stratégie). 

Je vous laisse vous faire votre propre idée, sachant qu'un mix des deux n'existe pas!
 

4 commentaires:

  1. je ne savais pas que c'étaient des gens engagés, mais je croyais plutôt que c'était des casseurs pour le plaisir de casser. Il y en a plein par exemple qui cassent des Velov sans raison. Tu es sure de toi Geneviève? Car ça change l'idée que j'avais d'eux... et en plus il y a des filles? J'en apprends des choses avec ton blog!
    Brigitte

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  2. c'est vrai qu'il est difficile de généraliser. Il doit surement exister des casseurs parmi les black blocs. Comme dans tout groupe d'ailleurs, qui n'est pas 100% homogène.

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  3. Vous semblez oublier que les grandes avancées sociales sont nées sans doute après des épisodes de violence comme les révolutions, mais que quand il a fallu reconstruire, toute cette violence ayant laissé des traces, des ressentiments, ce fut à chaque fois très laborieux et de nouveau source de violences. Je dirai comme Danton: « on ne détruit que ce que l’on remplace ». Donc vive l’ANV!
    Jacques

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  4. Oui Jacques, c'est ce que j'espère car je suis une fervente non-violente et les actions de XR sont souvent couronnées de succès. Mais concernant le climat, ça urge tellement que je ne sais pas si ça va suffire...

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