On confond volontiers le fait d'être radical avec celui d'être extrémiste dogmatique, dont les adeptes refusent toute modération ou toute alternative à ce que leur dicte une doctrine.
C'est ce qu'on appelle une dérive sémantique.
Radical: "vient de racines. Qui tient à l'essence, au principe (d'une chose, d'un être); qui vise à agir sur la cause profonde de ce que l'on veut modifier; se dit d'un genre d'action ou de moyen très énergique, très efficace, dont on use pour combattre quelque chose."
Et ça marche aussi avec le mot en anglais ! Je fais ici référence au livre "Être radical" du sociologue américain Saul Alinsky, qui fut un des inspirateurs de Barack Obama... qu'on ne peut pas taxer d'extrémiste!
Rappelons-nous le Parti Radical-Socialiste, devenu Parti Radical, puis Parti Radical de Gauche qu'on ne peut certes pas non plus taxer d'extrémisme dogmatique!
Soyons radical !
Je me sens conforme avec la définition originelle du mot. On ne peut pas être "en même temps" d'accord avec une chose, une idée, une conviction, et avec son contraire. À moins d'affirmer qu'être en contradiction avec soi même est normal et fondé.
Nous avons bien assez de petites contradictions intérieures, pour avoir le courage de les reconnaitre comme telles, sans les justifier par un anti-radicalisme confortable.
Quelques exemples des détracteurs du "radical":
- défendre la cause animale mais manger de la viande sans se poser de question;
- affirmer les principes d'amour du prochain et se déclarer contre le mariage pour tous.tes;
- soutenir la cause des migrants et refuser de les accueillir dans son pays (ou dans sa maison);
- prétendre protéger l'environnement et consommer quotidiennement des plats préparés emballés, sur-emballés qui viennent de l'autre bout du monde...
Et il y en aurait bien d'autres!
Si être radical est tenter (je dis bien tenter car je suis consciente de nos petites contradictions aux uns et aux autres, moi la première !), de mettre en accord nos pensées et nos actes, d'être cohérent, alors oui, je suis radicale !
La maladie infantile du radical est le "flexi".
Le radical se tient bien droit, le flexi ondule au gré du vent. Le radical suit son chemin, le flexi navigue de droite et de gauche (;-).
Je ne nie pas le doute, plutôt, je le loue. Car c'est le ferment de la prise de conscience. "Pour croire avec certitude, il faut commencer par douter" dit le philosphe Stanislas Leszczynski. La certitude décrétée comme vérité première sans remise en cause possible, est un boulet.
Mais la question essentielle est le but. Avoir un but suffisamment grand pour ne pas le perdre de vue en cours de route.
Qu'en est-il de ce but pour lequel on est radical ?
Poser cette question revient à connaitre notre "chemin de vie", le sens que l'on donne à notre existence. Notre éthique personnelle.
Bien sûr, on peut imaginer que dans la tête d'un djihadiste, le but est assez grand pour justifier le terrorisme.
Pour ma part, les buts que je poursuis sont dictés par le triptyque liberté/égalité/fraternité associé au lien social et environnemental.
Les chemins de traverse, les voies sans issue sont parfois séduisantes. Pas toujours facile de les détecter et les éviter!
Pour le "radical", qu'en est-il du respect de la pensée de l'autre?
Savoir que chacun a le droit de se tromper, si tant est qu'on en prenne conscience. Laisser choisir et ne pas imposer. Faciliter la prise de conscience, mais ne pas la dicter. Admettre l'existence de pensées divergentes. Considérer les oppositions comme nécessaires et fécondes.
Tout cela s'appelle tolérance et respect; les clés du vivre-ensemble.
Ainsi pour reprendre un des exemples précédents, le végétarien.nne n'agressera pas son voisin mangeur de viande. Même si les questions qui lui sont posées, parfois sur un mode ironique voire goguenard, l'amènent à devoir justifier son choix d'être végétarien.nne. Même si lui.elle, aimerait tellement que d'autres partagent ce choix...
Ceci dit, la tolérance a ses limites. Le terrorisme est l'une d'entre elle. Plus largement, la tolérance s'arrête ou la liberté des uns est entravée par la dictature des autres.
Et dans ce cas, la désobéissance est un devoir!
Donc soyons radical, suivons notre chemin de vie et questionnons-nous, toujours.



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